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Le voyage : un long cheminement.

Le voyage se déroule sur toute une semaine, en début d’année scolaire (début novembre) :

Il nous est apparu important de ne pas faire un aller-retour en avion comme cela se fait souvent (et  ce fut justement dans ce type de voyage qu’il y eut des problèmes…). En effet, un voyage en autocar et sur la durée permet aux élèves de se rendre compte des distances (important pour saisir la première épreuve du voyage en train des déportés…). Mais surtout, avec un programme progressif les jeunes  ne sont pas  immergés dans un lieu aussi douloureux, trop brutalement.

Le programme  intègre donc cette nécessité de progressivité et aussi la volonté de prendre connaissance, tout au long de notre parcours, de cette culture juive que le nazisme a tenté de faire disparaître, toujours dans le souci de concrétiser cette page sombre de l’histoire, trop souvent abstraite dans l’esprit de nos élèves. De plus ces visites permettent des moments moins tendus, comme une respiration, dans ce voyage oppressant, pour des adolescents (et même pour des adultes, d’ailleurs…) :

1ère étape : Prague, visite de la synagogue –musée de Maïsel, du quartier juif de Josefov, du vieux Cimetière juif puis de la synagogue Pinkas , lieu de mémoire de la Shoah (dessins des enfants de Terezin et noms des 77 000 juifs tchèques victimes des persécutions nazies).

2ème étape : visite du camp de Terezin, à côté de Prague, qui servit souvent d’étape sur la route d’Auschwitz mais qui fut aussi pour beaucoup le point de non retour…

Synagogue Pinkas à Prague

3ème étape : Cracovie avec visite du quartier juif de Casimir …

Décor d’une stèle funéraire du cimetière juif de Casimir  à Cracovie.

Et surtout, visite d’Auschwitz I et Auschwitz- Birkenau (d’abord en visite guidé puis retour en visite libre). Le soir de cette visite, soirée réaction – discussion avec les élèves (nécessité de faire sortir une partie du traumatisme ressenti par tous…)

La tristement célèbre porte d’entrée d’Auschwitz -Birkenau vue de l’intérieur du camp.

La méthodologie

Les élèves devant réaliser au retour une production dont ils ont le choix de la forme (dossier, exposition, film, …), ils ont pour consigne de «prendre» sur place tout ce qui pourrait leur être utile pour leur travail au retour (photos, dessins, enregistrement audio et vidéo, documents de présentation des sites, notes, interview...).

 

L’attitude et les témoignages des élèves

Probablement grâce à ce travail de préparation mais aussi de par leur personnalité et leur motivation, l’ensemble des élèves a eu une conduite exemplaire sur les sites (d’ailleurs soulignée par nos guides) et semblent avoir beaucoup appris de ce séjour. Leur parole n’est  pas «creuse» :

« Passés la porte d’Auschwitz, l’odeur, la présence de la mort nous envahit. Les sentiments éprouvés pendant cette visite […sont] un mélange de tristesse, d’angoisse et surtout de colère face à tant d’inhumanité. Mais grâce à cette expérience forte et inoubliable, nous sommes capables aujourd’hui de transmettre aux générations futures l’horreur de ce qui s’est passé, dans le but de ne jamais oublier. » Une élève de 1ère ES.

 « Après ma visite de ce camp, qui fut très dure avec la vision de ces tonnes de cheveux, de prothèses, de valises, d’habits, la visite d’une chambre à gaz et d’un crématoire, les photographies de déportés et le film sur  la libération du camp, nous ne percevons plus ce camp comme nous l’imaginions. A présent, ce camp est pour nous un lieu qui démontre à quel point les hommes peuvent avoir des comportements monstrueux... Ce voyage a été très bénéfique et instructif, il nous a permis de voir la vérité en face, afin de na pas oublier la souffrance et le malheur qu’ont subi des millions de personnes. Il nous a également donné la possibilité de crier haut et fort l’existence de cette horreur, malgré les négationnistes. L’un de nos principaux  devoirs à présent est de préserver de diffuser cette mémoire ». Une élève de 1ère L.

Mirador et  porte  du camp des femmes.

A travers ces paroles, on voit bien que le voyage a concrétisé dans l’esprit des lycéens une connaissance qui n’était alors que livresque et donc forcément abstraite. Ces dessins ou ces vêtements d’enfants morts dans le  camp , ces cheveux, ces valises, ces lieux chargés d’histoire , sont autant de traces, certes insuffisantes à imaginer l’inconcevable, mais qui déclenchent une véritable prise de  conscience : au delà des chiffres de cette «industrie de la mort» et des faits historiques, tous ont compris que ce sont d’abord des humains qui nous ressemblaient, avec leurs espoirs,  leur passion, leur dignité…qui  furent ici broyés, niés, assassinés…L’histoire prend alors chair, elle s’incarne dans une réalité tangible…Et c’est cette réflexion, appuyée sur des connaissances historiques, qui permet à nos élèves de s’approprier cette histoire et leur donne envie de la crier, de la transmettre….Objectif atteint….devoir d’histoire accompli….

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