New York : Ségrégation raciale ou spatiale?

 

Clivages ethniques et socio - économiques

 

Part des immigrés dans la population Forte proportion d'habitants originaires des états du sud

   
Carte 1 : Les quartiers hispaniques, peuplés à plus de 40% par des personnes nées hors des USA, nous rappellent la forte immigration latino-américaine depuis une trentaine d’années (avec 15.1% de la population totale de la CMSA de New York, les hispaniques ont presque rattrapé la minorité noire qui est à 15.9%). Remarquons également la forte proportion d’immigrés dans les quartiers blancs de la partie ouest du comté de Queens. Cela est vrai également de certains quartiers de Brooklyn : vestige de la forte immigration européenne d'avant ou d'immédiate après-guerre ou immigration récente en provenance d’Europe orientale ? Enfin remarquons une forte proportion d’immigrés regroupés dans la partie sud de la zone de peuplement noir de Brooklyn.

Carte 2 : Les données, qui datent de 1990, mettent en évidence l'importance de la population noire originaire des états du sud. Est-ce que cela concerne les générations les plus anciennes ou bien un flux migratoire du vieux sud vers le nord-est se maintient il encore aujourd'hui ?

   
Part des travailleurs manuels dans la main d'oeuvre totale Les disparités de revenus

   
Carte 1 : Les quartiers populaires peuplés par les minorités "raciales" concentrent les travailleurs manuels peu qualifiés.
   
Carte 2 : Deux requêtes ont permis d'isoler les quartiers pauvres (revenu familial inférieur à la moitié du revenu familial moyen) et les quartiers abritant les classes moyennes et supérieures (revenu familial supérieur à 120% du revenu familial moyen). Précisons que le revenu familial moyen dans l'état de New York, arrêté à 56200 $ par an, est supérieur à la moyenne américaine.
  • Manhattan (au sud de Central Park), les quartiers nord du Bronx, la partie sud-ouest de Brooklyn, peuvent être considérés comme des quartiers aisés. A l'inverse Harlem et la partie du Bronx qui lui est limitrophe, le nord de Brooklyn sont à ranger dans les quartiers pauvres. On remarquera que la mixité sociale n'existe pas davantage que la mixité raciale.
  • La corrélation composition raciale/ethnique et statut économique n'est pas absolue. Si globalement les quartiers blancs échappent à la pauvreté tandis que les quartiers hispaniques y sont confinés, la situation des noirs est plus diversifiée. Harlem reste pour l'essentiel un quartier pauvre mais les hauteurs du Bronx forment un quartier aisé , qu'il soit peuplé par les blancs ou par les noirs. De même la zone de peuplement noir à Brooklyn est très contrastée. Ainsi sa partie nord, habitée par des noirs pauvres, peu diplômés, frappés par le chômage, donc avec des standards de vie qui les rapprochent des hispaniques installés à proximité, s'oppose à la partie sud, dont les habitants bénéficient de conditions de vie semblables à la communauté blanche avec laquelle ils voisinent. Cette opposition se retrouve un peu dans le quartier de Jamaïca (Queens) où les quartiers ouest s'opposent à la périphérie est plus aisée. Ainsi se vérifie sur le terrain l'émergence d'une classe moyenne noire dont il est question depuis longtemps. Cependant cette diversification sociale de la communauté noire ne semble pas entraîner une baisse de la ségrégation raciale, chacun reste entre soi...
Au terme de ce travail nous avons pu mettre en évidence :
  • le degré élevé de cloisonnement entre races et groupes ethniques.
  • la stabilité de cette ségrégation dans le temps, avec cependant une amorce d'évolution que prend désormais en compte le service fédéral du recensement.
  • le cloisonnement racial/ethnique est encore fortement corrélé avec les contrastes socio-économiques. A la communauté blanche, en perte de vitesse démographique mais économiquement privilégiée, s'opposent les minorités raciales globalement défavorisées.
  • le cloisonnement racial n'exclut pas un processus de différenciation socio-économique, croissant pour certaines minorités, particulièrement la communauté noire. Ségrégation raciale/ethnique et différenciation socio-économique ne s'annulent pas mais se superposent. La ségrégation socio-économique joue à l'intérieur des quartiers ethniques, dont les frontières restent encore largement étanches.