Catastrophe naturelle et Mondialisation

Étudier le tsunami d'Asie du Sud-Est et ses conséquences avec des outils SIG

Les événements tragiques survenus en Asie du Sud-est fin décembre sont susceptibles, par delà l'émotion qu'ils ont suscitée chez nous et nos élèves, de développer une réflexion sur les conséquences d'un phénomène naturel, pas rare dans cette région même si pas avec la même ampleur, dans un espace fragilisé par les activités humaines, avec un coût humain considérable, qui concerne non seulement les populations locales mais aussi, bien que marginalement, des sociétés éloignées de plus de 10000 km de l'épicentre du séisme. C'est le prix de la mondialisation, mais c'est aussi cette même mondialisation qui a permis en réponse ce formidable élan de solidarité. Le tsunami, première catastrophe naturelle de la mondialisation ?

L'étude d'un phénomène naturel, dont les causes sont géologiques et les conséquences démographiques, économiques, sociales voire politiques semble particulièrement adaptée à l'emploi d'outils SIG  : les sources en seront d'abord des images satellitales, en conjonction avec des données vecteur et des informations statistiques.

Où trouver l'information pertinente ? En écho à l'émotion partagée partout dans le monde a répondu l'empressement des détenteurs de l'information à offrir à l'opinion mondiale une grande quantité d'informations géographiques et autres, dans laquelle nous pourrons puiser ce qui nous semblera le plus pertinent. C'est pourquoi, tout en proposant un cadre d'étude un peu élaboré, nous proposerons, pour chacun des points étudiés, des pistes vers l'information nécessaire, sans entrer dans le détail de l'exploitation pédagogique.


Le Tsunami, phénomène naturel

Tsunami : terme d'origine japonaise ("vague portuaire") utilisé officiellement depuis les années soixante par les scientifiques (de préférence au terme "raz-de-marée" ) pour désigner un phénomène qui n'a en effet rien à voir avec les marées.
  • Une origine lointaine : il y a 85 millions d'années, après la formation de l'océan indien, la plaque indo-australienne qui porte l'Inde s'est séparée de l'Afrique, traversant l'océan vers le Nord à la vitesse de 10 cm par an. Il y a 50 millions d'années elle est entrée en collision avec l'Eurasie, provoquant la naissance de la chaîne himalayenne et le glissement de la plaque indochinoise (qui porte l'Indonésie) vers le Sud-Est.
              ==> L'Indonésie est extraordinairement volcanique (la plus grande explosion volcanique, celle du Krakatau en Août 1883, a fait 36000 victimes).
              ==> Un mouvement de subduction constitué par le passage de la plaque océanique indo-australienne sous la plaque continentale supportant les îles de la Sonde a provoqué l'accumulation d'une énergie considérable.

    Source : Numero spécial de "La Lettre Intergeo" (CNRS Parias IV) téléchargeable sur http://www.cnrs.fr/SHS/recherche/fichiers/intergeo2005.pdf


  • Le point de départ : un séisme de grande amplitude (9 sur l'échelle de Richter) dont l'épicentre fut localisé à 3,298 degrés Nord, 95,779 degrés Ouest (à 160 km à l'ouest de Sumatra, et 30 km  de profondeur). Ce séisme est le résultat de la rupture d'une zone de friction entre les plaques tectoniques indo-australienne et antarctique, près de l'île de Tasmanie, le 23 décembre. D'autre part le blocage, depuis les années 1998-1999, du glissement de la plaque indo-australienne sous la plaque de la Sonde, avait entraîné  l'accumulation d'une énergie considérable. En se libérant brutalement celle-ci fit provoqua le déplacement, sur 15-20 mètres,  d'un bloc long de 400 km et large de 200 km (figure ci-dessous) ; ce mouvement a donné une brutale impulsion à la colonne d'eau, point de départ du Tsunami proprement dit. Du fait de l'énergie libérée (30000 bombes de  type Hiroshima), ce séisme a été suivi de nombreuses répliques moins importantes (une trentaine dans le reste de la journée, 7,5 sur l'échelle de Richter aux îles Nicobar). Celles-ci se poursuivront pendant des années.

    Les deux schémas ci-dessous, en provenance du Seismological Laboratory, California Institute of Technology ,mettent en évidence l'amplitude des mouvements , consécutifs au séisme, de la masse d'eau, verticalement (à gauche) et horizontalement (à droite).

 

  • Le tsunami : la modification du plancher océanique le long de la ligne de faille a créé une succession de vagues de grande longueur d'onde. Leur force destructrice fut déterminée, non par leur hauteur (15 mètres au maximum), mais par leur longueur d'onde (plusieurs dizaines de km), leur période (5 à 30 minutes) et leur vitesse (5-800 km/heure), ce qui leur a donné leur force de pénétration à l'intérieur des terres (aggravée dans les régions sans relief).


  • L'espace géographique touché : la ligne de faille océanique où s'est produit le séisme est orientée Nord-Sud, la plus grande partie de l'énergie du tsunami s'est répartie dans les directions opposées Est-Ouest. Le Nord (Bangla Desh) a été à peu près épargné tandis que la Somalie (5000 km à l'Ouest !) fut sévèrement touchée.
    Les cartes ci-dessous mettent en évidence la zone touchée par le Tsunami à partir de l'épicentre du séisme, et sa rapidité de propagation : moins de deux heures pour atteindre le Sri Lanka et la côte orientale de l'Inde, 7 heures pour atteindre la corne de l'Afrique !

Les informations ci-dessus sont tirées de l'encyclopédie  en ligne Wikipedia. Deux articles sont consacrés à notre sujet : l'un sur le phénomène du Tsunami en général, l'autre sur les événements du 26 décembre 2004.

 

Pour aller plus loin :
  • Le site de l'USGS (en anglais) USGS Earthquake Hazards Program-Latest Earthquakes entreteient une base de données très compplète sur les séismes qui se produisent dans le monde, notamment celui du 26 décembre.
  • Le site du BRGM (en français) contient une page sur le Tsunami d'Asie du Sud-Est recensant des ressources en français.
  • La Lettre Intergéo (CNRS - Paris IV) établit un premier bilan (fin janvier), par des géographes universitaires, des événements d'Asie du Sud-Est.
  • Le site de la société néerlandaise Delft Hydraulics propose des animations spectaculaires (aux formats Quicktime ou Windows Media Player) mettant en évidence l'intensité et l'extension géographique du Phénomène (Voir ci-dessous).

Suite