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Usage d’une classe virtuelle.

jeudi 9 avril 2020, par A.Bellu

Proposition d’un compte rendu d’un premier usage d’une classe virtuelle en classe de 6e, incluant quelques rflexions sur les usages pdagogiques de cet outil.

En semaine 3 du confinement (avril 2020), j’ai choisi de pratiquer une classe virtuelle. J’avais proposé un cours sur le monothéisme des Hébreux. En relisant le cours, après l’avoir déposé dans l’ENT, j’ai senti une difficulté chronologique. En effet, Moïse est un personnage incertain, mythique, vivant sans doute vers 1250 avant J.-C. en Egypte (donc à l’époque de Ramsés II) et imposant, selon la Torah (livres de la Bible), la croyance en un dieu unique. Les historiens et archéologues ont montré récemment le rôle prépondérant du roi Josias pour fixer la croyance en un dieu unique (monothéisme) dans l’écriture de ce livre sacré, daté aux environs du 7e siècle.

Josias est un personnage historique puisque les événements de cette période se retrouve dans diverses sources Égyptiennes et Mésopotamiennes. Moïse est un personnage incertain, qui entre dans la catégorie des mythes fondateurs. Les rédacteurs de la Bible s’appuient sur ce héros pour faciliter et imposer la croyance en un dieu unique alors que les grands empires ont des religions avec plusieurs dieux.

Ainsi, la naissance du monothéisme interroge aussi la question des sources diverses et leurs rôles dans la construction d’un fait historique. Pas facile pour des jeunes apprenants en dernière année du cycle 3… et encore moins avec un unique discours écrit du professeur. Il me fallait intervenir et proposer, par un discours oral, une explicitation peut-être plus simple et plus interactive, à travers les interventions des jeunes apprenants. Ce fut le cas dans une classe, moins dans l’autre. J’ai donc choisi une intervention plus dialoguée que magistrale, même si ma parole reste dominante… Cette parole dominante de l’enseignant l’est moins que dans une capsule ou vidéo de cours, qui présente néanmoins l’avantage de cadrer au mieux le déroulé explicatif. L’inconvénient de la capsule vidéo est de ne pas pouvoir rebondir à des remarques des élèves.

J’ai choisi, suite aux conseils d’une de mes collègues, de me rendre sur le site du Cned où j’ai rempli le formulaire avec une adresse académique permettant ensuite de recevoir deux liens : un lien modérateur pour moi et un lien à envoyer via la messagerie de l’Espace Numérique de Travail (ENT) pour mes élèves. Ce dernier lien servira pour tous mes élèves, quelle que soit la classe. La classe virtuelle renvoie vers BBcollaborate. J’ai choisi de faire la classe virtuelle sur l’emploi du temps habituel de mes classes.


Légende : page d’accueil BBcollaborate.

L’usage est simple et pratique. Le mieux est de commencer par ouvrir l’onglet rose à droite : « le panneau de collaborate ». 4 menus apparaissent dont celui pour paramétrer (une roue dentée). Je clique sur « paramétrer la session » et ensuite je coche « partager l’audio », afin que les élèves m’écoutent et « publient des messages dans le chat » pour favoriser la communication et une collaboration entre les apprenants.

Vous pouvez entendre vos élèves et être entendu. Il suffit de cliquer sur le micro situé en bas. Astuce : demander à vos élèves d’éteindre le micro pour éviter les bruits divers (comme le chien qui aboie lorsque le professeur parle…).
J’ai choisi de ne pas cocher dans le paramétrage le partage de vidéo car les élèves se voient et cela peut devenir plus un jeu qu’autre chose (testé 5 minutes et mis fin rapidement !). Par contre, j’ai coché dans le menu principal à côté du micro, le signe caméra permettant aux élèves de me voir. Cela rassure dans ces moments où la sociabilité est mise à rude épreuve. Ils sont contents de voir le professeur et sont aussi heureux de se parler un peu. Aussi, au début de la classe virtuelle, j’ai proposé un temps d’accueil et de paroles où chacun a pu s’exprimer, dire bonjour…

Ensuite, pour réaliser le cours, j’avais choisi de préparer au préalable quelques documents iconographiques et de m’appuyer sur le cours donné. L’idée est d’expliciter par l’image le cours, de répondre aux questions, de répéter et reformuler pour essayer de le rendre clair. Il faut parler plus lentement, posément pour que tous puissent entendre correctement, d’autant qu’il y a un léger décalage entre l’image et le son. J’ai donc choisi dans le menu « partager du contenu » (de l’onglet rose le panneau de collaborate) de « partager des documents ». C’est simple et rapide : d’abord glisser des documents puis il suffit de cliquer dessus et enfin cliquer sur le bouton « partager maintenant » pour que le document apparaisse pour tous. Je peux aller aisément d’une page à une autre page du document. Pour permettre une meilleure lecture, je peux ouvrir le bouton « les commandes d’affichage » en haut à gauche de l’écran. Un petit menu déroulant se développe et permet de zoomer dans le document. Précisons que des boutons en haut sont apparus en même temps que le fichier projeté : vous pouvez par exemple cliquer sur la main pour qu’elle soit visible pour les apprenants et ainsi les guider à apercevoir une information… ou encore cliquer sur le crayon pour annoter (possible de taper des mots en cliquant sur la lettre T). Bref, l’annotation est chose aisée.


Légende : ajouter des documents et les partager.

J’ai choisi de présenter des documents, dont le cours. Je suis visible pour que mes élèves me voient agir. Par contre, je dois sans cesse regarder l’écran car les élèves peuvent appuyer sur le petit personnage en bas qui lève la main. En effet, une des règles essentielles est de demander aux élèves de lever la main s’ils veulent participer ou si je leur demande de répondre à une question. Là encore c’est un choix de ma part : essayer de construire un cours dialogué, demander aux élèves de participer, de dire si l’explication n’est pas claire ou d’exprimer tout autre problème (problème quelque fois de son). C’est d’ailleurs le cas : des élèves répondent aux questions ou me demandent de ralentir, ce qu’ils ne demandent pas forcément en cours en présentiel.


Légende : agrandissement du document et outils en haut à droite pour annoter.

Au final, je vois bien que l’outil est intéressant pour expliciter par le discours oral et l’interactivité, l’apport de connaissances avant la réalisation des deux tâches proposées. Les élèves sont présents et on sent qu’ils ont besoin d’écouter, de voir et de parler, tant avec le professeur qu’avec les camarades. L’outil reconstruit une socialisation bien nécessaire en ce temps de crise sanitaire.
Mais la spontanéité n’est pas facilitée par cette absence de présentiel : il manque les informations des gestes non verbaux. L’hésitation, l’inquiétude dans les yeux ou le corps immobile qui ne sait pas comment agir… Je ne peux tout entendre et surtout tout voir. Certains se cachent ou ne donnent pas des informations, qui seraient visibles en présentiel.

Un dernier point : je pense que cela reste une expérience nécessaire si l’on est dans l’idée que la classe virtuelle est là pour proposer un cours et des explicitations (avec certaines limites que nous avons citées) et non pour juste prendre des nouvelles ! Celles-ci sont nécessaires d’où l’accueil de départ mais dans une continuité pédagogique réfléchie, il est utile de faire cours, car l’écrit ne résout pas tout !

Le mot de la fin, je le cède à une maman d’élève :
Bonjour,
Z…, a bien aimé "le direct" (c’est lui qui l’appelle comme ça). En plus du contenu le fait de se retrouver un peu avec tous les camarades lui a fait du bien humainement parlant.
Pour ma part, j’ai été épatée que vous ayez autant d’élèves connectés. C’est vraiment chouette.

Merci pour les enfants.

Précisions pour terminer que pour la première classe, 19 élèves sur 24 se sont connectés. Ils étaient 17 sur 19 pour la seconde classe. Le bilan est plutôt satisfaisant au niveau de l’explicitation par le professeur… mais certains ne sont pas présents, ce qui constitue une autre limite à cette approche pédagogique. On peut aussi s’interroger s’ils sont tous actifs, continuellement à l’écoute…

Le présentiel a du bon !

Suite à cet article, remarques d’Annie Bellu enseignante en lycée :
"Merci pour l’article sur la classe virtuelle du CNED.
J’utilise la classe virtuelle depuis la première semaine de confinement en lycée en suivant l’emploi du temps au rythme d’une séance sur deux à l’emploi du temps et ce pour mes quatre classe : 1ère générale, spé HGGSP, TES et Tst2s. J’ai annoncé dès le départ que la vidéo des élèves ne serait pas fonctionnelle pour ne pas entrer dans leur intimité. En revanche, ils me voient. Le chat est très utile car beaucoup ont des problèmes de micro .
Cela fonctionne bien avec les classes sérieuses, investies, dynamiques . J’arrive à un taux de présentiel de 25 à 26 sur 34 à chaque fois mais pour la classe peu investie déjà avant le confinement, je suis à environ 10 élèves présents.
Les élèves qui ne peuvent se connecter pour des raisons techniques diverses ( zone blanche, non équipement de la famille...) sont déçus. Il m’ est indispensable d’avoir un cours détaillé pour eux.
Je travaille de la façon suivante : je prépare mon cours avant et au fur et à mesure que la classe virtuelle se déroule, je le complète en fonction des questions des élèves et des explications que je fournis. Quand le cours se termine, je mets ce texte complété dans le contenu de séance sur Eclat.
Comme ce sont des lycéens, j’ai peu besoin d’apporter des documents car ils ouvrent une autre fenêtre en même temps avec le manuel scolaire en ligne.
C’est donc une fonctionnalité que j’ai peu utilisée.
Pour l’heure sans classe virtuelle, ils préparent en classe inversée l’heure suivante.
Ils sont très attachés à ce lien de la classe virtuelle au point qu’ils sont angoissés pour les deux semaines de vacances à venir.