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Bilan d’un projet concours carto d’actualité.

jeudi 13 avril 2023, par Angélique MARIE webmestre, Ledy Bruno

Cet article fait le bilan de la participation d’élèves de 4ème du Collège La Champagne (Brochon) au concours carto d’actualité.

Chères et chers collègues,

J’ai découvert l’an passé le Concours Carto sur Twitter (@concourscarto), qui si vous ne l’avez pas deviné, est un concours de...cartographie. Il a été fondé par une association d’enseignants du secondaire et propose aujourd’hui plusieurs catégories, qui vous demanderont plus ou moins d’investissement.

Pour ma part, j’ai inscrit mes élèves de 4e au CCA, ou Concours carto d’Actualité. Les élèves doivent cartographier un article de presse en prenant en compte tous les enjeux évoqués et peuvent enrichir la carte de leurs recherches personnelles. Cela est réellement intéressant, en lien avec notre référentiel disciplinaire et le socle commun de connaissances, de compétences et de culture. L’année dernière, il s’agissait de la mise en tourisme, notamment, de l’île de Haïnan (RPC). Cette année, il était possible d’étudier les migrations sur le sujet proposé : l’île yéménite de Socotra. J’ai donc pu lier le concours soit à la séquence sur « le tourisme et ses espaces », soit à celle sur « un monde de migrants ». En termes de compétences, le concours a permis de travailler notamment la pratique du langage cartographique en plus du prélèvement d’informations et d’un effort de synthèse.

Pour mener à bien ce projet, j’ai choisi de prendre une semaine sur ma progression, soit 3h, ni plus ni moins. Le texte proposé est dense, c’est un article in extenso de presse nationale, type Le Monde. Lire et décortiquer le texte a pris globalement 2 heures. Il faut préparer tout le vocabulaire qui peut poser problème aux élèves, ensuite expliquer et ouvrir sur les problèmes géopolitiques de la région. La dernière heure a été consacrée à la méthodologie de la cartographie. L’occasion de revenir largement sur la construction de la légende et l’utilisation des figurés appropriés. J’ai pour ce faire utilisé des fiches déjà prêtes, conçues par des collègues que l’on trouve à destination plutôt des lycéens sur la toile. Ensuite, j’ai laissé faire aux élèves les cartes à la maison, non sans les avoir invités à scruter Google Map pour les informations complémentaires qu’on pouvait y observer (sites religieux, centres commerciaux, parcs naturels, type d’habitat et de construction…). L’an passé, j’avais choisi d’insérer ce projet dans ma séquence sur le tourisme, ce qui a été bien trop tardif, car cela ne leur laissait que 2 semaines. Cette année, j’ai choisi le faire avant les vacances de fin d’année, sans lien direct à ce moment-là avec mon cours, pour qu’ils aient un mois avec les vacances ; l’échéance étant fin janvier.

Les principales difficultés ont été pour les élèves, même aiguillés, de trouver les thèmes qui se dégageaient des textes, d’ensuite hiérarchiser la légende plus finement. Cette année, pour les aider, je me suis appuyé sur les archives du palmarès des années précédentes, disponibles sur le site du concours. Sélectionner le bon figuré et être original ont représentés d’autres problèmes, comme choisir le bon outil (et bannir notamment le surligneur que l’on voit trop, par dépannage, dans leurs croquis habituels). Ils avaient souvent du mal à innover mais je les ai encouragés à se libérer de leur vision (trop) scolaire et à faire preuve de créativité, notamment en ce qui concerne la rose des vents obligatoire sur toute carte.

Parallèlement, je leur ai fourni des ressources que je trouvais sur internet : des liens vers des articles complémentaires, des podcasts (par exemple celui du Collimateur sur la guerre civile au Yémen). Tous ne les ont pas utilisés mais globalement, les élèves sont devenus des petits experts de Haïnan l’an dernier, de Socotra cette année.

Ils ont aimé colorier et dessiner, c’est certain mais ils ont aussi, en dehors du côté géographique de la chose, apprécié l’approche géopolitique. Des élèves qui ne se passionnaient pas pour mes cours se sont investis dans cette découverte du monde. La cartographie, ça sert d’abord à ne pas être scolaire (excusez les références faciles) !

Au final, toutes les cartes ne se valent pas, mais 2/3 des productions étaient tout à fait honnêtes et peu d’élèves ont rendu quelque chose d’un niveau trop faible. J’ai identifié une quinzaine de cartes (sur 75) qui sortaient du lot à mes yeux.

Les élèves avaient tous hâte d’avoir les résultats et m’ont demandé inlassablement quand nous les aurions. Quand les premiers résultats sont tombés, ils étaient assez excités, nous avons commencé par avoir 2 élèves classés entre la 200e et la 100e place (sans classement précis à ce stade), ce qui était déjà quelque chose. Quand on est rentré dans le top 100, c’est devenu notre principale préoccupation du lundi matin, surtout quand les résultats n’avaient pas encore été mis en ligne avant leur départ pour le collège. Nous avons eu de bonnes surprises, avec 3 classés à la 98e,96e et 89e place. Puis le silence, pendant la distillation des résultats 10 par 10 les semaines suivantes. Les 2 meilleurs cartes à mes yeux n’étaient pas encore sorties mais peut-être avaient-elles été éliminées. Il m’a fallu manager les élèves qui ne croyaient pas en elles. J’avais encore un peu d’espoir sans trop y croire. Quand la 24e place est tombée, ce fut une salve applaudissements dans une des classes. Mon autre espoir préférait ne plus s’attendre à rien et ce fut avec une joie immense que j’ai appris qu’elle avait réussi à décrocher la 14e place entre 2 élèves d’une célèbre école privée de Paris. Ma joie était, j’avoue, aussi grande que la sienne à ce moment précis, vu le profil, relativement privilégié certes, mais périurbain de notre établissement. Nous avons ensuite profité de la remise des lots, envoyés par l’association, pour organiser une petite cérémonie valorisant ces résultats. Leurs travaux ont pu aussi être exposés lors des journées portes ouvertes du collège. Les vétérans de cette première année, même si je ne les avais plus en classe, ont continué à témoigner de l’intérêt pour ce projet en suivant le déroulé de l’année, en voulant voir le sujet et les nouvelles cartes.

Parallèlement, il existe pour les 6e, le CCI, ou Concours carto Imaginaire. Cette fois, il s’agit d’un concours de prospective, qui prolonge sur d’autres thèmes, celui des villes de demain. L’année dernière, une de mes collègues d’histoire-géographie a travaillé avec eux sur le développement durable des îles Kerguelen. Cette année, le sujet proposé pouvait être lié aux espaces à fortes contraintes, puisqu’il s’agit d’ « Habiter un désert chaud en 2123 ». J’ai utilisé le même processus. Les 6e sont souvent des élèves très motivés (encore) pour les projets extra-scolaires, ce qui s’est traduit par un très bon investissement. Nous sommes repartis de la séquence sur « La ville de demain », pour leur dire de penser dans cette même logique mais pour un désert. J’ai eu, là encore, de très bonnes surprises et des cartes très qualitatives d’élèves en relative difficulté habituellement. Ils attendent tous avec impatience les résultats.

Je vous laisse découvrir ci-après les cartes des élèves qui vous permettront de voir ce qu’il est possible de réaliser avec des élèves de tous niveaux.

Bruno Lédy
Collège La Champagne (Brochon)