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La vie des Homo sapiens

mardi 13 septembre 2016, par Jean-François Boyer

Quelques informations sur la la vie de nos ancêtres Homo sapiens

Comment vivaient nos ancêtres les Homo sapiens ?

Les données archéologiques apportent des informations sur la vie matérielle des chasseurs du paléolithique. Par contre la structure des sociétés de la préhistoire est plus délicate à connaître…faute d’écritures ou de témoignages oraux ! Voici quelques éléments proposés par Sophie A. de Beaume pour les sociétés en Europe au Paléolithique supérieur (-40 000 et -10 000) tirés des pages 260 et suivantes de l’ouvrage Révolution dans nos origines, sous la direction de Jean-François Dortier, Editions Sciences Humaines, 2015.
Ces informations aideront peut-être le professeur pour répondre aux interrogations des élèves curieux.

Combien étaient-ils ?
Indices : reliefs des repas ; la taille des habitations : un campement = 5 à 6 personnes. Des campements plus grands = plusieurs familles comme à Pincevent (11 tentes = plusieurs dizaines de personnes).
Extrapolation des fouilles…des estimations peuvent être faites :
Jean-Noël Biraben (de l’INED) estime que sur le territoire français, peut-être 3 000 à 4 000 personnes vers – 100 000 ans (vers moins 20 000 peut-être 15 000 à 20 000 personnes). 300 campements vers – 20 000 ans.
Au niveau Européen : Jean -Georges Rozoy estime peut-être 24 000 personnes dont 14 000 en France vers -12 000 ans.
Difficulté : la superficie des territoires change (niveau des mers évoluent) ; la conservation des sites est sans doute inférieure à la réalité. L’accroissement des sites au magdalénien peut aussi venir d’une meilleure conservation…Les population mobiles font que plusieurs campements peuvent-être occupés par un même groupe.

Etaient-ils vraiment nomade ?
Le groupe se déplace sur une aire plus ou moins vaste en fonction des ressources de chasse, de pêche, de cueillette et de récolte de matière première. La détermination de la matière première permet d’estimer les aires : une vallée a une aire de 10 000 à 15 000 km 2 !
3 formes de nomadisation possibles :
-  Toute la communauté déménage une fois par an au moins. Le déplacement s’explique par exemple par le déplacement des ressources alimentaires (chasser le renne dans les hauteurs des Pyrénées en été et s’installer dans les vallées en hiver où les rennes paissaient).
-  La communauté occupe un camp de base permanent mais des individus réalisent des expéditions lointaines. Les animaux peuvent rester au même endroit : donc pourquoi se déplacer ? Indices de campements de longue durée : les habitations lourdes avec des os de mammouths et des zones de stockages qui demandent du temps pour être construites : Europe centrale et orientale. Des tombes collectives peuvent aussi laisser supposer un habitat prolongé (à Predmosi en République Tchèque par exemple). En Dordogne les Rennes migrent moins, il est donc possible d’envisager des campements prolongés (les restes des rennes à l’abri Pataud montrent que les chasseurs les traquent toute l’année). Maintenant il est aussi possible que la viande ou le poisson soient séchés…


Source : wikipédia José-Manuel Benito — Travail personnel
-  La communauté se rassemble périodiquement et se disperse le reste de l’année à l’image des sociétés Inuits contemporaines. Les familles sont dispersées à la belle saison et se retrouvent en hiver pour des tâches artisanales, artistiques et rituelles.
Comment sont les voies de circulation ?
Les nomades se rencontrent pour échanger des biens, des idées ou des procédés techniques. Cette société est mobile et évolue dans un réseau d’échanges. Les coquillages circulent par exemple entre la région méditerranéenne vers l’Aquitaine, le Bassin Parisien et l’Allemagne ou encore de la Mer Noire au plaine russe (système de dons et contre-dons ?). Les techniques, les styles et les symboles (arts) étaient partagés par des groupes éloignés sur toute l’Europe.

La question du temps.

Le temps pour une vie sociale (et agréments) était possible puisque l’acquisition et la préparation de la nourriture n’excède pas 5 heures dans les tribus de chasseurs-cueilleurs actuels (voir Marshall Sahlins).
La question de la sexualité.
« Il est raisonnable de penser que l’homme a connu très tôt une certaine forme de tabou de l’inceste ». Les campements ne réunissent que quelques dizaines de personnes. On peut supposer à l’image des animaux vivant en groupe (notamment les singes) l’habitude d’échange des géniteurs (mâles ou femelles, difficile à savoir !). De plus l’échange des femmes est souvent lié à des échanges de biens dans les sociétés traditionnelles qui pratiquent le mariage. On peut le supposer aussi dans les sociétés du paléolithiques supérieur…. « Par contre, l’hypothèse autrefois populaire d’un matriarcat primitif relève de la fiction ».

La division du travail.

La division du travail était possible sans doute entre hommes et femmes : les vieillards et les femmes s’occupent de la cueillette et du petit gibier…Les jeunes mères s’occupent des petits enfants. Les enfants aident aussi. Les adultes mâles chassent le grand gibier et cherchent au loin des produits. A l’image des sociétés de chasseurs cueilleurs actuelles la séparation homme et femme n’est pas aussi réelle : des hommes et des femmes s’occupent de l’entretien du feu ou du travail des peaux. La spécialisation des aires par exemple pour le dépeçage de la viande ou pour la taille des pierres ne permet pas de parler d’aires masculines ou féminines.

Une société hiérarchisée ?

Inhumation pour certains avec des pratiques et des objets divers peuvent laisser penser à une différenciation sociale. Mais il ne semble pas y avoir de différence marquée entre une femme et un homme ou entre un vieillard et un enfant.

Source : José-Manuel Benito lvarez — Travail personnel (wikipédia)
On peut imaginer sans doute des tâches particulières pour certains plus doués même si tout le groupe avait un savoir global. A Pincevent par exemple on voit des tailles très complexes et d’autres plus simple pour la vie courante. Il est certain que la pratique de la taille s’est transmise de génération en génération sur des millénaires.
Les artistes devaient aussi êtres de personnages particuliers : savoir dessiner tout comme le privilège d’entrer dans les profondeurs des grottes. Avait-il un statut social particulier ?
Brian Hayden propose après avoir étudié les tribus de la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord de voir au paléolithique dans les régions les plus favorables comme le Sud-Ouest de la France, une organisation sociale des chasseurs cueilleurs complexes et hiérarchisées.
(voir son livre B.Hayden, Naissance de l’inégalité. L’invention de la hiérarchie, CNRS, Editions, coll. « le passé recomposé », 2013 ( 1er éd. 2008).