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Paysans et seigneurs : les maîtres de la terre ( une étude du village de Wharram Percy ) et les maîtres de la guerre (histoire et littératures)

mardi 2 novembre 2010, par Jean-François Boyer

L’archologie a t à la source de ce travail avec la possibilit d’utiliser Google Earth pour observer le finage du village, le manoir (château ou seigneurie en France) et l’glise. Dans cette tude, le manoir est un ensemble de bâtiments où le seigneur entrepose la production agricole et reçoit les non-libres. Il ne s’agit pas d’un château imposant avec ses tours crneles... mais d’un petit village, d’une petite seigneurie....

Les coulisses de la séquence !

Les programmes invitent à montrer le cadre de vie et les relations entretenues entre les paysans et un homme de guerre, un chef, le seigneur. Les modes de vie des paysans et des seigneurs doivent être évoqués. Cette séquence a une histoire, la voici :

Tout d’abord, la relecture l’été dernier de l’ouvrage de Jean Chapelot et Robert Fossier, Le village et la maison au Moyen Age, a orienté ce travail vers l’archéologie. Si je voulais décrire le village, je ne pouvais pas me contenter des documents textes ou des images, où l’on voit la relation de dépendance entre les paysans et le seigneur, la charrue et la moisson dans l’enluminure. Il me fallait des documents plus « concrets » : la forme de la maison, le toit, les boucles d’une ceinture, la superficie des champs…bref se servir de l’archéologie.

Au départ, je voulais simplement montrer quelques objets de la vie quotidienne avec une vue dans Google Earth où l’on distingue les traces d’habitations du village, le manoir, l’église de Wharram Percy d’où le choix de ce site. Il s’agissait d’une séance d’une heure en complément de la séquence élaborée par mon collègue Guillaume Sauvage sur la seigneurie de Meauce. (voir sur ce site : http://histoire-geographie.ac-dijon.fr/spiphistoire/spip.php?article406 ).

Toutefois, quelques jours avant les vacances de la Toussaint 2010, suite à une conversation, ma collègue d’Anglais, Amélie Vuillemin, a accepté de mener quelques recherches sur Wharram Percy. Le soir elle m’envoyait une dizaine de liens dont un powerpoint qui recélait de courts extraits de textes médiévaux. Il était alors possible de marier l’archéologie et les documents écrits donc de construire une séquence sur deux heures par exemple en ajoutant la dimension dépendance et relation avec le seigneur, bref de définir la seigneurie : un ensemble de droits sur un espace.

De plus la lecture du site de la British Library évoquant le Domesday Book permettait de retrouver les seigneurs du 11e siècle (à croiser avec le site de Ken Tomskin professeur de littérature qui travailla à Wharram Percy) donc de cibler la période demandée dans les programmes officiels. Ces derniers n’obligent pas à utiliser une seigneurie française. J’ajoute que Cécile De Joie avait envoyé au groupe TICE un travail d’une collègue de Reims Christine Galopeau de Almeida sur la seigneurie de Brancion (adresse : http://www.ac-reims.fr/datice/hist-geo/college/histoire/hist_5/seigneurie/brancion.htm". ) Deux aspects en particulier avaient attiré mon attention, la carte sur l’évolution du servage et la présentation de textes d’origine avec leur traduction en langue française « d’aujourd’hui ». Cette idée a motivé la recherche et l’achat sur le net des deux pages dans le Domesday book concernant Wharram Percy.

Le Domesday Book est une enquête menée pour le compte du nouveau roi d’Angleterre Guillaume le Conquérant qui veut s’assurer de la liste des seigneurs, des impôts et des chevaliers qui peuvent combattre pour lui. La conquête Normande lui a donné la possession de toutes les terres anglaises au détriment des saxons. Mais il est doit protéger ses terres face aux menaces Danoises (Vikings). Ses terres ont été distribuées à des grands barons Normands qui ont eux-mêmes chargé des hommes de gérer les terres pour vivre (espace économique) et assurer la sécurité. Pour Wharram Percy la menace des Vikings et la création d’une église sont deux éléments qui peuvent expliquer le regroupement de la population et donc la naissance d’un village.

Wharram Percy est cité dans le document deux fois avec deux manoirs et 3 seigneurs. Le village est donc découpé au XIe siècle entre plusieurs possesseurs. Cela n’est plus le cas au XIIIe siècle puisque le village appartient à la famille Percy dont une branche est duc de Northumbrie. L’archéologie apportant les traces du Xe au XIVe siècles, nous sommes dans la période désignée par les programmes.

Ajoutons pour terminer cette rapide présentation, Wharram Percy est un village abandonné au XVIe siècle comme de nombreux autres villages en Angleterre. La raison n’est pas forcément dans la peste de 1349 qui provoque une baisse de la population mais plutôt dans un changement dans l’activité agricole : les grands seigneurs, propriétaires terriens choisissent l’élevage des moutons pour la laine, plus lucrative que l’entretien d’exploitations agricoles avec des paysans. Le village se vide : il ne reste que l’église servant de lien de culte pour les environs. D’ailleurs l’archéologie montre l’évolution de la taille du bâtiment proportionnelle à la population… (piste à travailler avec celle des relations entre le seigneur et le roi ; source dans le site de Ken Tomkins).

Problématique  : Qu’est-ce qu’une seigneurie ?

Démarche :

Séance 1 : La domination de la terre.

En salle informatique, avec Google Earth, répondre aux consignes. Un vidéoprojecteur est nécessaire dans la salle pour aider et remédier. L’idée est de travailler sur Wharram Percy un village anglais dans le Yorkshire (nord de l’Angleterre). Il est possible de décrire le village, le travail des paysans et les relations de dépendance entre les hommes.

En introduction, utiliser le document 1 du fichier KMZ avec le vidéoprojecteur.


Séance 2 : Les maîtres de la guerre.

En classe, travail en commun avec l’enseignante de Français dans le cadre de l’histoire des arts. En histoire : la guerre, la violence mais aussi une société et une culture de cour qui se développent au XIIe siècle (divertissement, banquet, tournois, roman…) surtout au niveau des grands seigneurs. En français : le roman courtois et les enluminures.


Capacités :.

Connaître et utiliser les repères suivants

La naissance du village médiéval : Xe – XIe siècle

d’une seigneurie

Décrire quelques aspects

d’un village médiéval,

du travail paysan au Moyen Âge,

du mode de vie noble.(séance 2)


Connaissance : (à simplifier pour les élèves)

Au IXe siècle, face aux incertitudes des incursions vikings, Hongroise ou Sarrasine, face à l’incurie du pouvoir royal et aux rivalités des grands nobles se met en place progressivement la seigneurie.

Elle est dominée par un grand, un puissant, un maître, un seigneur, un guerrier. La domination se traduit par la possession de la terre, l’autorité sur des hommes, la pratique de la guerre et un mode de vie caractérisée par l’ostentation et la dépense.

Une seigneurie est un ensemble de droits que possède un homme libre. Il exerce ces droits sur des hommes non libres par des terres qu’ils doivent cultiver (loyers sur les terres qui appartiennent toutes au seigneur) et par des pouvoirs de commandement (bannum) (par exemple la justice ou les corvées pour entretenir la tour qui défend les hommes).


Par seigneurie on entend une dépendance des non libre dans les domaines économiques, sociaux et politiques. La situation des paysans est donc extrêmement variable mais globalement « seuls trois éléments distinguent les paysans libres des serfs : une plus grande marge de manœuvre en matière judiciaire, une plus grande mobilité potentielle et un moindre niveau de prélèvement ». (Florian Mazel, page 184 dans histoire de France sous la direction de Joël Cornette, féodalités, 888-1180, Belin,2010).

La vraie liberté appartient à ceux qui ont l’épée : les puissants, les seigneurs.

Le regroupement des hommes amène aussi la naissance des villages avec le château et l’église ( la paroisse). Dans certains cas, c’est l’église qui agglomère les hommes, dans d’autres le château, les situations sont très variables. Ce regroupement peut s’expliquer par la présence de l’Eglise mais aussi par la protection apportée par le seigneur face aux menaces extérieures (pour Wharram Percy les Vikings et les Ecossais aux XIIe et XIIIe siècles) et les rivalités entre seigneurs.


Les objets retrouvés par les archéologues montrent la présence d’artisans ou des flux d’échanges de produits artisanaux et des surplus issus de la terre.


Entre le XIe siècle et le XIIIe siècle par exemple, Wharram Percy montre que le village est possédé par des seigneurs différents, trois dans le relevé du Domesday Book de 1085, puis un seigneur (famille Percy) au XIIIe siècle. La seigneurie, les seigneurs et les liens de dépendance évoluent avec le temps. Tout n’est pas fixe…


« Que l’on soit un prince courtois ou un sire archaïque accroché à son château, les pouvoirs de domination socio-économique dont dispose sur la société environnante sont à peu près les mêmes. On les désigne par le terme globalisant de seigneurie. (…) Globalement on peut dire que la seigneurie n’est pas une réalité spatiale. C’est plutôt un ensemble de droits qui concrétise un pouvoir local. On peut la représenter selon trois composantes.[seigneurie châtelaine ou banale, seigneurie foncière et seigneurie personnelle – le seigneur un homme libre et les non libre ]. »

Bruno Dumézil, la société médiévale en occident, ellipses, 2006.

Ressource en cinquième pour construire le cours et les connaissances : http://media.eduscol.education.fr/file/college/62/9/College_Ressources_HGEC_5_Hist_03_PaysanSeigneurs_152629.pdf

TICE : salle informatique, google earth.


Quelques informations d’après le site de Ken Tompkins (http://loki.stockton.edu/ tompkink/wharram/wharram.htm )

Wharram Percy est un village aggloméré au Xe –XIe siècles c’est-à-dire qu’une série de maisons paysannes sont installées le long d’une rue. Les archéologues estiment au maximum la taille du village à 37 maisons vers 1400 ; soit si l’on compte 5 personnes par maison environ 180 personnes. A chaque maison est associée une cour (toft) et un jardin (Croft) fournissant la nourriture pour le paysan. Jardins et champs sont allongés en raison du labourage par la charrue à bœufs.

Les archéologues ont aussi montré que les maisons étaient reconstruites voire réorientées. De plus les maisons sont plus grandes au XIVe siècle qu’au XIIIe siècle. Les murs en torchis avec une armature en bois recourbé offraient une place à l’intérieur pour les habitants et les animaux. Un foyer au centre avec une ouverture dans le toit permettait la cuisson et la diffusion d’une chaleur dans la longue pièce. Différents objets sont retrouvés : ciseaux, boucles de ceinture en métal, flûte en os, couteaux, clés, poteries…

Deux traces de manoirs (logis seigneurial) ont été retrouvées l’un disparaissant au XIIe siècle avec la fin de la famille Chamberlain, l’autre appartenant à la famille Percy qui au XIIIe siècle possède tout le village. La famille Percy a une branche majeure qui au XIVe siècle possède de nombreuses seigneuries dans la région et lutte contre les écossais. Elle est aussi en lutte avec le pouvoir royal. (voir Wikipédia, Percy).

Le dernier point est l’élargissement de l’église datée du Xe siècle à l’origine du village. L’agrandissement de l’église suppose une augmentation de la population du village… son déclin se traduit par une réduction de l’église !

Documents joints : le texte ci-dessus avec des photos ; le fichier KMZ repère pour les élèves et un fichier flash pour corriger l’observation du terrain. Je joins les documents de la partie 2.