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La révolution néolithique, compte-rendu de la conférence de Mme D. Stordeur.

jeudi 17 novembre 2016, par Jean-François Boyer

Danielle Stordeur est archéologue au CNRS, Archéorient. Elle a présenté lors du stage "Préhistoire, croyance et citoyenneté", à Dijon le 10 novembre 2016 une conférence sur la révolution ou transition néolithique.

Le titre exact était : Comprendre le changement des sociétés au moment où commence la maîtrise de la nature . Comme on peut le constater, cette présentation s’insère complètement dans le programme.

En effet, il est indiqué au BO n°11 du 26 novembre 2015 : "l’étude du néolithique interroge l’intervention des femmes et des hommes sur leur environnement. La sédentarisation des communautés humaines comme l’entrée des activités humaines dans l’agriculture et l’élevage se produisent à des moments différents selon les espaces géographiques observés".

On peut résumer l’intervention en quelques points :
- une révolution : elle évoque un événement, des changements majeurs dans l’histoire de l’humanité avec la sédentarisation renforcée par la domestication des plantes et des animaux (plus tardif). Elle débute il y a environ 13 000 ans, au Proche-Orient.
- une transition : Elle est lente – 4000 ans – et pacifique. C’est aussi la"transition entre un mode de vie immémorial basé sur la chasse, la pêche et la cueillette, et une économie de production de subsistance".
- une révolution qui se fait en plusieurs étapes (et aussi en plusieurs lieux sur Terre sans lien)

Document 1 : les étapes de la transition néolithique (document de madame Stordeur)

Document 2 : les révolutions néolithiques dans le monde (document Sciences Humaines).

- Madame Stordeur a insisté sur le travail de l’archéologue et des métiers associés pour dater les objets récoltés lors des fouilles et la nature des dits objets (murs, grains de céréales, faucilles, meules, souris domestiques etc...).
- Les premiers villages sont l’œuvre de nomades (voir Mallaha ou encore Mureybet).
- L’agriculture domestique a été analysée par madame Stordeur avec l’étude du site de Jerf en Syrie où elle a travaillé pendant de nombreuses années (voir : http://histoire-geographie.ac-dijon.fr/spip.php?article874 ). Le diaporama ci-dessous recèle de précieux documents dont des reconstitutions du village et de son architecture, très parlante pour des élèves de sixième. Les bâtiments de stockage servent de silos à grain mais aussi, plus tard de salle de réunion pour le village. Les différences entre les maisons peuvent aussi évoquer des différences sociales... concept à manipuler avec prudence, en évitant d’utiliser l’expression hiérarchie sociale, sans doute trop forte il y a 11 500 ans.
- Madame Stordeur a beaucoup insisté sur ce que l’on peut connaître par l’archéologie et éviter de trop extrapoler sur certains points. Ainsi, le sens cérémonial nous échappe faute d’écriture. Comment peut-on interpréter les animaux sur les piliers à Göbeckli par exemple ? Le signe en forme de serpent que l’on retrouve un peu partout dans le Levant ? Ce sont des pictogrammes et non des écritures nous a-t-elle expliqué (voir diaporama joint).

Document 3 : un pilier sculpté, K.Schmidt.

En conclusion, l’étude du site de Jerf montre selon madame Stordeur que "Les architectures, la structure de l’espace villageois se transforment. Reflets de l’organisation sociale, ils révèlent l’existence de différences, voire d’inégalités, en même temps qu’une grande cohésion du groupe. Une autorité se dégage, de plus en plus nettement."

La suite de la conférence porte sur l’étape suivante avec la mise en place de gros villages. On y retrouve la culture du lin (textile) et l’élevage (bœufs ou chèvres). Il est par exemple intéressant de montrer que les os abîmés des bœufs témoignent du travail dans les champs. Madame Stordeur évoque le site de Tell Aswad non loin de Damas où elle a participé aussi à des fouilles. Les maisons sont désormais les mêmes pour tous. Les pratiques funéraires témoignent de différences sociales comme l’atteste le surmodelage de quelques crânes.

Document 4 : Crâne surmodelage, Tell Aswad.

La conclusion de madame Stordeur est à propos de la révolution néolithique :

mais aussi avec beaucoup d’émotion pour la Syrie et les syriens !

Le diaporama est disponible en visualisation et téléchargement en cliquant ci-dessous.

Merci à Mme Stordeur de nous avoir fait partager son savoir et son métier.

PS : Madame Stordeur a eu aussi la gentillesse de nous fournir un second diaporama qui fait le point sur l’usage des pictogrammes, il y a 10 000 ans, bien avant les signes de l’écriture ! A lire...