search

Accueil > Enseigner > Collège. > Histoire des arts. > Histoire des Arts > L’image de la femme dans l’Antiquité (premier volet)

L’image de la femme dans l’Antiquité (premier volet)

L’image de la femme dans l’Egypte ancienne

jeudi 30 septembre 2010, par O.Lacaille d’Esse

Ce travail constitue le premier volet d’un projet d’histoire des arts en classe de sixième consacr à l’image de la femme dans l’Antiquit (en Egypte, en Grèce et à Rome). Il s’articule autour de la critique des sources gyptiennes, littraires et iconographiques.

Premier volet : l’image de la femme dans l’Egypte ancienne

(Odile Lacaille d’Esse, collège Victor Hugo de Lugny)

 

Problématique

Les sources artistiques fournissent-elles des informations fiables sur la condition et le rôle de la femme dans l’Egypte ancienne ?

 

Présentation générale

La condition de la femme dans l’Egypte ancienne paraît assez enviable si on la compare à celle qu’elle connaît dans la Grèce de Périclès par exemple. En effet, juridiquement, la femme est l’égale de l’homme : à ce titre, elle peut être propriétaire et disposer de ses biens, divorcer et se remarier, porter plainte … Si l’éducation semble prioritairement réservée aux garçons, certaines femmes accèdent cependant à des postes de responsabilité comme intendantes, juges, médecins ou scribes. Par ailleurs, dans la vie familiale, à l’exception de la famille royale, la monogamie semble de règle … et la tendresse, voire l’amour,  se manifeste volontiers, en tout cas dans l’art. Notons enfin la notoriété durable de quelques femmes égyptiennes dont la mémoire a traversé les siècles : Néfertiti, Hatshepsout, Cléopâtre …

Et pourtant … L’étude des objets artistiques peut laisser dubitatif, témoignant d’une certaine ambiguïté sur le statut de la femme dans l’Egypte antique.

Le choix de cette problématique permettra aux élèves d’exercer leur esprit critique et de prendre du recul à l’égard des documents historiques : un bon moyen de les initier à la critique des sources !

 

Thème

 

Objets culturels

 

Commentaire

 

 

 

 

 

 

 

Les relations dans le couple

Groupe d’Iroukaptah (Brooklyn Museum)

 

Rahotep et Nofret (Musée du Caire)

 

L’inspecteur des scribes Raherka et sa femme Merséânkh

(Louvre)

Dans la statuaire de l’Ancien Empire, la femme se distingue parfois de l’homme par sa taille plus réduite. Ainsi, dans le groupe d’Iroukaptah, la femme, bien plus petite, est agenouillée au pied de son mari, assise sur ses talons. En revanche, la sculpture de Rahotep et Nofret, au Musée du Caire, présente à la même échelle les deux personnages de ce couple princier. Même constat avec le groupe conservé au Musée du Louvre, l’inspecteur des scribes Raherka et sa femme Merséânkh : placée légèrement en retrait et d’une carnation plus claire (qui traduit sans doute des tâches domestiques plus nombreuses), celle-ci enlace tendrement son époux et l’inscription du socle semble corroborer les doux sentiments qui unissent le couple (« son épouse qu’il aime ») …

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le regard porté sur la femme

 

 

 

 

 

 

 

Livre des Maximes de Ptahhotep (ou Enseignement de Ptahhotep)

 

« les chants de divertissement » 

 

Le Conte des deux frères

Dans le Livre des Maximes de Ptahhotep (ou Enseignement de Ptahhotep), le sage vizir de la Ve dynastie se montre terriblement sévère envers les femmes et invite le lecteur à s’en méfier , en particulier dans la maxime 18 : « Si tu souhaites que dure une amitié, dans une maison où tu pénètres comme maître, comme frère ou comme ami, en quelque lieu que tu ailles, garde-toi d’approcher des femmes ».

Le romantisme n’est pourtant pas absent de certains textes. Au Nouvel Empire, un genre littéraire s’est développé au cours des XIXe et XXe dynasties, la poésie amoureuse, sous la forme de cycle de poèmes intitulés « les douces paroles » ou « les chants de divertissement » : dans des paysages bucoliques et à l’aide d’un langage riche en métaphores, un jeune homme (« le frère ») et une jeune fille (« la sœur ») y expriment leurs désirs et leur amour.

En revanche, dans les contes de cette époque, la femme est à l’origine de bien des malheurs : elle apparaît volontiers frivole, capricieuse voire franchement mauvaise ; c’est le cas dans le Conte des Deux frères (papyrus d’Orbiney, Nouvel Empire, British Museum) qui reprend, dans sa première partie, un thème universel, celui de la colère d’une femme repoussée par celui qu’elle tente de séduire mais qu’elle n’a pas le droit d’aimer.

 

 

 

Le rôle de la femme dans la vie quotidienne

Tombes de la Vallée des nobles et de la Vallée des artisans (Nouvel Empire) :

 

Tombe de Nakht, de Ramosé, de Sennedjem, de Nebamon

Dans les peintures des tombes, la femme est parfois représentée dans ses activités domestiques mais aussi en train de jouer de la musique (tombe de Nakht) et de danser ou encore dans sa fonction de servante ou de pleureuse (tombe de Ramosé). Elle participe aux tâches agricoles en compagnie de son époux (tombe de Sennedjem) et accompagne ce dernier à la chasse ou à la pêche (tombe de Nebamon) : même si son rôle semble un peu subalterne, elle est assez présente et n’est visiblement pas confinée dans un gynécée comme la femme grecque !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La femme et le pouvoir

 

 

 

 

Tête d’Hatshepsout retrouvée à Louxor (Musée d’Alexandrie)

 

Statues colossales d’Hatshepsout (Deir el-Bahari)

 

 

Relief

d’Hatshepstout entre Thot et Horus (Karnak)

L’Egypte a été gouvernée par plusieurs femmes pharaons arrivées au pouvoir dans des contextes un peu particuliers et parfois pour plusieurs années. Parmi elles, Hatshepsout a inspiré les « artistes ». Grande épouse royale de Thoutmosis II, elle devient régente à la mort de celui-ci avant de s’imposer comme Pharaon en l’an 7 du règne de Thoutmosis III, son beau-fils (alors enfant). Elle le reste, avec le soutien du clergé d’Amon, jusqu’à sa mort dans la vingt-deuxième année de son règne. Elle possède toutes les prérogatives d’un pharaon (même si elle les partage avec le souverain en titre).

 Hatshepsout, qui a mené un programme architectural de très grande ampleur, a fait l’objet de nombreuses représentations. Il est intéressant de constater que :

- A partir de son couronnement, Hatshepsout se présente comme un homme avec barbe postiche et pagne court royal ce qui démontre sa volonté de ne plus être reconnue comme femme ou, tout du moins, de se poser comme égale des rois (tête de Louxor conservée au Musée d’Alexandrie, statues colossales de Deir el-Bahari …).

- Après sa mort, certains de ses portraits, cartouches et inscriptions ont été martelés mais seulement ceux relatifs à la femme-Pharaon et non ceux appartenant à la régente ou à la reine (relief d’Hatchepsout entre Thot et Horus martelé à Karnak).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des divinités féminines à double facette

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hymne à la déesse Hathor-Nekhbet

 

Le Livre de la Vache du Ciel et Le Mythe de la déesse lointaine

Il existe de nombreuses divinités féminines en Egypte dont certaines sont très influentes en tant que protectrices par exemple ; elles sont souvent associées à la vie et à la fécondité mais ne véhiculent pas systématiquement une image positive et sont susceptibles d’avoir plusieurs facettes.

C’est le cas de la très ancienne déesse Hathor qui joue un rôle majeur en Egypte jusqu’au Nouvel Empire avant de se confondre progressivement avec Isis. Mère et nourrice du Pharaon, incarnation de la féminité et de la fertilité, protectrice des femmes enceintes et des parturientes, elle présente de nombreux aspects bienveillants. Mais, en tant qu’ « œil de Rê », elle fait aussi partie des « déesses dangereuses » sous la forme de la redoutable lionne Sekhmet.

La littérature se fait l’écho de cette ambivalence : l’Hymne à la déesse Hathor-Nekhbet chante la « Lumineuse qui repousse les ténèbres, qui éclaire toute créature de ses rayons... » et «  la Dorée, la Maîtresse, la dame de l’ivresse, celle de la musique, celle de la danse, Celle des jeunes femmes que les hommes acclament parce qu’ils l’aiment !  » mais célèbre dans le même temps « la sublime qui triomphe de ses ennemis en ce sien nom de Sekhmet ». Le Livre de la Vache du Ciel et Le Mythe de la déesse lointaine évoquent les instincts meurtriers de la déesse lorsque, envoyé par Rê pour châtier les hommes rebelles, elle se transforme en Sekhmet et massacre les humains. Seule l’ivresse mettra un terme au carnage …